Le pari de la jeunesse

Cette année, la rentrée est synonyme de changement pour le groupe juniors/seniors de la section water-polo. La nouvelle organisation sera axée sur la jeune génération avec un objectif : lui permettre de s'affirmer et voler de ses propres ailes.
Ce
n'est pas nouveau, la section water-polo de l'AS Monaco natation a fait depuis
longtemps le pari de la jeunesse. En plus des U13 et U15 coachés par les deux
David - Hiron et Lazzaroni -, le club a poursuivi sa politique de formation
monégasque en créant le groupe des U9 il y a deux ans.
Avec grand succès
d'ailleurs, puisque les "tout-petits", engagés dans une équipe
commune avec l'ONN, ont remporté en juin dernier le tournoi international
HabaWaba (Happy Baby Water-Polo), le plus grand rassemblement du monde de la
discipline destiné aux enfants. Mais c'est du côté des juniors/seniors, qui
regroupe les poloïstes de plus de 15 ans, que l'attention se tourne
aujourd'hui. Et cette nouvelle saison qui commence s'annonce comme une année
test, et surtout un pari, qui mettra la jeune génération sur le devant de la
scène.
Un
club pour tous
Finies d'un côté l'équipe première, en Nationale 3A, réservée aux seniors et aux juniors surclassés et de l'autre la réserve qui permettait aux plus jeunes "de se faire les dents" en Nationale 3B. Depuis la rentrée, les poloïstes monégasques continuent de s'entraîner tous ensemble, sous la houlette de Florent Menut, leur nouveau coach arrivé en novembre dernier.
Mais désormais, en championnat, c'est par âge qu'ils sont
répartis. "On est vraiment partis sur deux équipes : une de plus et
une de moins de 25 ans qui travailleront indépendamment sur les matches",
explique Sébastien Dervieux, le responsable de la section. L'objectif ?
Mettre en adéquation les envies de chacun avec les ambitions du club, "en
créant petit à petit deux groupes. Un pour se faire plaisir, avec des
"masters" qui ont le niveau pour jouer dans un championnat. Et un
autre, avec des jeunes surclassés" qui sera la priorité du club.
Il faut
dire qu'avec un panel d'âge de 15 à 40 ans, voire plus, les motivations ne sont
pas forcément les mêmes. "Nous avons des trentenaires qui ont beaucoup
joué. Là, ils veulent venir une fois ou deux par semaine maximum, sans
forcément faire tous les matchs. Et ce n'est pas en adéquation avec ce qu'on
voudrait mettre en place pour l'autre partie du groupe", confirme
Sébastien Dervieux.
D'autant que cette année, le club accuse le départ de
quelques éléments-clés. "Quatre joueurs de 18 ans, des cadres de l'équipe,
partent à l'université. Un ou deux anciens vont également arrêter, un autre a
eu un enfant. Du coup, l'écart sera d’autant plus important entre les
"vieux" et les plus jeunes", précise Florent Menut. "On en
a discuté avec les quelques anciens qui restent. Eux ne sont plus là pour
progresser, mais pour s'amuser. Et s'ils peuvent nous aider à apprendre aux
jeunes, ce sera top, parce qu'on veut qu'ils montent", ajoute le coach,
qui ambitionne d'aller le plus loin possible avec la nouvelle génération.
Derby fratricide
Et ce ne sera pas le seul changement pour les poloïstes monégasques, puisque les deux groupes évolueront cette saison dans le même championnat. Si un maintien en N3A aurait été possible grâce au titre interrégional remporté par le groupe des jeunes, cela ne semblait pas pertinent pour les deux entraîneurs. Notamment au vu de la dernière saison, "accrochée", de l'équipe première, aux prises avec les réserves des plus grands clubs comme Aix, Marseille ou Nice.
Ils ont alors décidé de profiter d'un précédent créé par Toulon l’an dernier
pour "demander à la Ligue PACA de pouvoir engager deux équipes en N3B,
avec une vraie spécificité". "Après, ce n'est pas pour autant qu'on
veut garder les deux dans ce championnat" prévient Sébastien Dervieux,
"C'est transitoire, parce que les jeunes n'ont pas aujourd'hui le niveau
pour être en N3A".
Et s'ils espèrent rejoindre dès la saison prochain l'échelon supérieur, Florent Menut et Sébastien Dervieux sont conscients du caractère inhabituel de leur démarche. "Peut-être qu'on se trompe complètement, parce qu'on ne l'a jamais fait dans d'autres sports", admet le responsable. Mais tous deux espèrent bien que ce pari sera payant. "Cela peut responsabiliser tout le monde, les jeunes comme les anciens qui verront s'ils arrivent toujours à atteindre un certain niveau en s'entraînant moins. Cela pourrait en remotiver certains", prédit l’ancien coach de l'équipe première, qui compte bien voir chez aux jeunes "plus de condition physique, de prise de décision et vraiment augmenter leur niveau".
Reculer pour mieux sauter, en somme. Un
choix qu’avait déjà fait le club il y a quelques années en rétrogradant
volontairement l'équipe première en régionale. "Cette descente nous avait
permis de faire de bons résultats en N3 la saison d'après", confirme
Sébastien. De quoi permettre également à cette nouvelle génération de passer un
cap, en attendant l'arrivée des groupes les plus jeunes, qui auront un bagage
technique encore plus solide à faire valoir dans les bassins.
Quoi qu'il en soit, pour cette saison, l'enjeu sera déjà de taille, puisque qui dit même championnat, dit derby. Et l'équipe des jeunes, championne interrégionale de N3B, aura assurément à cœur de conserver sa couronne. Et voilà deux rencontres qui promettent d'être explosives !
Publié le
Par Aurore Teodoro – Photos : Erika Tanaka.